J'ai vu partir Magalie, que j'ai connue un mois et pas dans la meilleure période de sa vie. Je la trouvais extrêmement froide et difficile à cerner.
J'ai vu partir Marie-Claude, celle qui croyait, à chaque petit symptôme, qu'elle avait une pierre au rein, ou le SRAS, ou la grippe AH1N1. C'est avec elle que j'ai passé mes premières heures et qui m'a tout appris, ou presque.
J'ai vu partir Sophie, timide mais adorable comme tout, forcée de quitter parce qu'elle irait cinq semaines à Halifax pendant l'été pour Explore. Une semaine de trop pour garder son emploi et faire passer ça pour des vacances.
J'ai vu partir Annie, celle qui travaillait là depuis 2 ans, malgré son âge, pareil au mien. Discrète et réservée, une fois qu'on la connaissait, elle vous faisait tordre de rire. Elle était débordée de travail à cause du CEGEP.
J'ai vu partir Marie-Ève, la (très jeune) matante comique, parce qu'elle allait enfin avoir beaucoup d'heures avec les petits de la maternelle.
J'ai vu partir Marylin, la belle petite rousse, puis brune, puis encore rousse, puis avec des mèches, celle qui parlait toujours un peu trop (qui en avait beaucoup à dire), qui voulait se faire engager comme barmaid et qui voulait devenir agente de bord. Elle est maintenant téléphoniste à la Banque Nationale à 15$ de l'heure plus 16,75$ de l'heure quand elle travaille plus tard que 21 heures. Le plus tôt qu'elle peut commencer, c'est 15 heures de l'après-midi. Grrr.
Je verrai partir Andréanne, la blond bombshell, parce qu'elle est rendue là dans sa vie, parce qu'elle doit songer à sa carrière, sa vraie, celle de photographe.
Je verrai partir Myriam, celle qui est comme une grande soeur taquine, parce qu'elle retourne vivre à Sherbrooke. Allez savoir pourquoi.
Et moi, moi je reste.