- Quoi... tu penses que j'ai pas été ado moi aussi? »
(Un classique. En plus, aucune personne âgée entre 12 et 18 ans n'aime se faire appeler ado)
« Oui mais à l'école, tu peux pas repousser des dates de remises?
- Tu mets pas les choses à la bonne place! C'est pas ça le problème!
- Mais c'est quoi alors, parle moi-en!
-Mais je ne veux PAS en parler! »
Non, c'est vrai, je ne veux pas en parler. Chez moi, si j'ai un problème, je le garde pour moi, et j'en pleure le soir seule dans mon lit. Ou alors j'en parle à mes amies très proches. Celles qui comprendront et qui seront capables de suivre mon histoire entre les milles sanglots et les phrases déconstruites.
« Mais pourquoi tu m'en as pas parlé plus tôt?
- Tu sais bien que je suis le genre de personne qui n'aime pas parler de ça! On ne parle jamais de ce genre de trucs à la maison!
- Est-ce que tu as l'impression que tu ne peux pas nous en parler? Parce que ce n'est pas le cas...
- Non! Mais c'est trop tard maintenant! C'est avant qu'il fallait m'habituer à ça! »
Ç'a été comme ça pour quelque quinze minutes. Puis :
« Mais à l'école tu es certaine que ton film--
- Je te l'ai dit! C'est pas ça! L'école, ce n'est [dring, dring, mon cellulaire sonne. Je décroche et dit involontairement dans le combiné:] qu'un poids de plus, salut Pumpkin.
[-Je suis devant ta porte]
- Ah, attends... entre; j'arrive. Bon, elle est arrivée. Je ne veux plus en parler, maman. »
Elle était bel et bien arrivée. Essoufflée d'avoir couru pour se rendre ici.
On était seules sur mon lit. Notre île. Je trouvais l'image très belle. Une île entourée d'une mer de sanglots, de mouchoirs, de pleurs, d'idées, de poussière, de musique, d'histoires, d'incompréhension, d'aveux, de vérité, de colère, de tristesse, de stress... La mer a déferlé pendant deux heures. C'est long. J'ai mal aux yeux. Mais je me sens un peu mieux. On se comprend. On sait exactement de quoi on parle, sans même le mentionner. Je lui ai dit que ça m'attristait de la voir comme ça et que je voulais la voir aller mieux. Elle m'a dit que jamais personne ne lui avait dit ça et m'a prise dans ses bras.
Ouais, ça c'est beau.
Et je me sentais très petite sur cette île : seules dans notre cas? Non, au contraire. On ne sait pas à quel point il y a de nombreuses personnes qui sont dans la même situation.
Bon. À l'avenir, oui, je ferai (et fais) des fautes de français et d'orthographe. Mais ne sautez pas aux rideaux. Je n'ai pas la tête à ça. J'écris pour me libérer, avant tout.
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