J'ai grimpé chaque marche menant au rez-de-chaussée avec autant de difficulté que si je venais de terminer un marathon. Au bout du couloir, la porte d'entrée vitrée laissait deviner son ombre qui m'avait tant fait rêvé auparavant.
Ne laissant rien paraître de ma nervosité, j'ai ouvert grand la porte et je l'ai accueilli d'un Salut! très peu convainquant.
-Entre, viens, enlève tes bottes, laisse moi prendre ton manteau...
-Non, je préfère rester ici.
-Tu veux même pas t'asseoir?
-Non... écoute, c'est pas super amusant ce que j'ai à te dire, alors je veux faire ça vite...
Ça y était. Je sentais chaque mot suivant venir cinq secondes avant qu'il ne les prononce. Je tremblais de tout mon être.
-Laurence, je peux pas continuer comme ça.
-Qu'est-ce que tu veux dire?
Je savais exactement ce qu'il voulait dire. Mais je voulais des explications.
-J'ai vraiment aimé les moments qu'on a passés ensemble, on s'est vraiment amusés, t'es quelqu'un de vraiment bien, mais là, il se passe trop de choses de mon côté pis j'ai pas le temps de penser à autre chose.
-Mais je peux te laisser du temps, on est pas pressés.
-Ça rien à voir avec toi, c'est vraiment moi, il se passe plein de choses dans ma vie et j'suis comme un peu dépassé par les évènements.
-...
-Alors je crois qu'on devrait en finir là.
-Ok. J'suis pas d'accord, pis je le voyais venir, dans le fond... mais je te comprend pas. Je comprend pas pourquoi.
Il avait les yeux pleins d'eau. Je ne le croyais pas capable de ça. Je ne m'imaginais pas pleurer l'homme qui, serrée dans ses bras, me faisait sentir en sécurité.
-Ben, moi non plus, je pourrais pas te dire pourquoi. Mais j'suis vraiment désolé, je pouvais pas continuer comme ça.
-D'accord... je trouve ça vraiment plate, pis j'ai pas vraiment le choix, apparemment... En tout cas.
-... Bon ben je vais y aller là. Bye.
-Ouais, bye.
J'ai refermé la porte derrière lui et je l'ai regardé partir, comme une semaine avant, au volant de sa voiture.
Je suis restée de très longues minutes debout, là, dans l'entrée. Je ne bougeais pas, je ne bronchais pas, c'est à peine si je clignais de l'oeil.
Au bout de deux minutes, j'ai éclaté en sanglots, longs, chauds, sur mes joues roses d'angoisse.
FIN
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